11 juin 2010

André Jacques interviewé par Didier Swysen de Sud Presse _ 8 juin 2010

"Francophones aux allures de perdants"

Le 8 juin, quelques jours avant les élections, Didier Swysen, Sud Presse, interviewe André Jacques en tant qu'expert spécialisé dans le décodage du discours politique.

Cet interview fait suite à une analyse de la gestuelle des politiques belges par Pierre Efratas et André Jacques parue dans Sud Presse le 6 mai (voir article dans ce blog).
5 articles en page 2 de tous les quotidiens de Sud Presse (La Capitale, La Meuse, La Gazette, ...).


Après le 13 les Négociations s’annoncent mal
PS, MR, cdH et Ecolo, tous perdants

De Wever exagère? Aux francophones de contre-attaquer.
Deux experts jugent les partis francophones trop timorés
Elections, jour J - 5. La tension monte. Surfant sur les sondages, Bart De Wever a répété, hier, la volonté de la N-VA de supprimer la Région bruxelloise.
Une nouvelle preuve de la campagne très offensive des ténors flamands face à des francophones bien timorés.
“ Les Flamands sont déterminés et offensifs, alors que les francophones adoptent une attitude défensive ”, assène André Jacques, consultant pour Le Soleil Consult & Training, spécialisé dans le décodage du discours politique, même non verbal. “ Je crains pour les francophones après le 13 juin: ils partent aux négociations dans la peau du perdant. On ne peut que perdre en étant aussi défensif. J’ai donc très peur pour Bruxelles. ”
M. Jacques trouve que les francophones donnent l’impression de ne pas vouloir s’engager, “ comme s’ils fuyaient. On ne veut pas trop en dire, car on va négocier. On va surtout aller au clash. Dans le “ body language” (langage du corps, NdlR), cela donne des gestes vers l’arrière, une position de recul lorsque l’on est assis, etc. ”
“ Au Sud, on est très timoré ”
Timorés les partis du Sud du pays? “ Oui, on les dirait tétanisés, presque paniqués par la progression de la N-VA ”, commente le politologue Michel Hermans (HEC-ULg). “ Ils défendent la logique belge face à la logique flamande. La crainte, dans leur désir de tout faire pour sauver la Belgique, c’est qu’ils soient prêts à trop de concessions. Avec la N-VA, il n’y aura jamais d’arrêt des réformes. On remettra toujours le couvert. ”
Les francophones doivent-ils hausser le ton et se montrer plus agressifs? “ Ils doivent vite regrouper leurs forces pour que ça ne parte pas dans tous les sens et dire clairement aux Flamands qu’ils peuvent oublier la scission si De Wever en veut trop ”, poursuit M. Hermans: “ faire passer le message au Nord que le statut de Bruxelles, par exemple, est indiscutable. ”
“ Etre agressif n’est pas assimilé à une faiblesse en politique ”, précise M. Jacques. “ C’est le moyen de montrer sa volonté, la chose que les électeurs retiendront. Les francophones devraient profiter des derniers jours pour “ rentrer dans le lard ”, comme on dit. ”
À bon entendeur...

























Reynders: “Ça sonne faux”
Son corps le trahit.
L’analyse d’André Jacques (LE Soleil Consult)

“ Didier Reynders se profile comme le francophone par excellence. Il prend une position de conciliateur, comme lors du débat à la VRT. Les Flamands attendent-ils ce discours? Son ambition me semble plus personnelle que pour son parti. Il n’a plus la parole arrogante? Oui, mais son corps le trahit. Sa manière de parler, de se tenir (en arrière, avec le sourire sarcastique, etc.) montre un manque d’harmonie entre son discours et sa gestuelle. Ça sonne faux. Il est dans le moule de Premier ministrable pour lequel il est prêt à faire des sacrifices. ”

Les mains de Di Rupo
Il défend la Wallonie.
L’analyse d’André Jacques (LE Soleil Consult)

“ Comme les autres, il y a cette fuite dans le discours: on ne s’engage pas trop. Elio Di Rupo est aussi beaucoup moins loquace avec ses mains. C’est très significatif d’une non-communication; il se contente, comme d’autres, d’ânonner les mêmes choses. Il se positionne moins personnellement que Reynders. On a parfois l’impression qu’il défend surtout la Wallonie et moins Bruxelles. Dès que l’on touche à la Wallonie, on le voit intransigeant. Il monte au créneau et on le retrouve offensif. ”

Milquet est mal à l’aise”
Piégée par son slogan?
L’analyse d’André Jacques (LE Soleil Consult)

“ Joëlle Milquet garde une démarche volontaire, mais on a parfois l’impression qu’elle est mal à l’aise et en porte-à-faux avec son slogan: “ L’union fait la force ”. Un peu comme s’il l’empêchait de prendre une position plus agressive. Elle s’est en quelque sorte “ auto-neutralisée ”. Elle “ rentre dans le lard ”, mais dès qu’elle en revient au slogan, elle adopte une position de retrait. C’est peut-être d’elle et de Javaux que j’attends le ton le plus offensif au cours des derniers jours. ”

Javaux est plus loquace”
L’analyse d’André Jacques (LE Soleil Consult)

“ Jean-Michel Javaux essaie d’être plus loquace que les autres, plus vrai... Mais il y a une contradiction entre son discours et sa gestuelle. Il dit qu’il faut trouver des solutions, mais son fond de voix est en dichotomie avec ses mains jointes qui donnent beaucoup plus une impression de supplique. Cela dit, sa gestuelle demeure l’une des plus positives parmi tous les présidents. ”

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